Chères lectrices, chers lecteurs
Va-t-on l’abolir ou non? Je parle ici de la valeur locative, une invention entièrement suisse et par ailleurs totalement exotique dans le paysage fiscal international. Ce sont surtout les milieux de gauche qui en attendaient une plus grande égalité entre locataires et propriétaires. Personne n’affirmera aujourd’hui que cet objectif a été atteint.
Il est cependant tragique de constater que des personnes souvent âgées, propriétaires de leur logement, s’endettent de manière exagérée afin de pouvoir neutraliser la charge fiscale induite supplémentaire qui est particulièrement lourde pour les retraités. Dans ce cas de figure, les fonds ainsi générés sont souvent investis dans des placements risqués afin que les rendements attendus suffisent à régler le supplément d’impôt. Au cours de ces dernières années, les chutes brutales des cours des actions ont montré les dangers ainsi que les conséquences tragiques possibles de cette manière de faire. Nombreux ont été ceux qui se sont ainsi vus forcés de vendre leur bien.
Du point de vue de la prévoyance vieillesse, il serait par ailleurs bien préférable d’amortir au fil des ans les crédits hypothécaires sur le logement acquis en propriété, comme c’est obligatoirement le cas en France. Il s’agirait là de la forme de prévoyance la plus avantageuse et la plus sûre!
En Suisse, les employeurs et les employés sont obligés de verser leurs fonds de prévoyance dans des caisses qui ont de plus en plus de peine à trouver de bons placements offrant la sécurité souhaitée et rendement intéressant. Le particulier se voit retirer ses fonds et interdire toute participation à la définition de la politique de placement. Il ne reste plus à l’employé qu’à s’arracher les cheveux face à l’influence qu’exercent les Bourses, aux gérants de caisse indélicats (c’est actuellement le cas à Zurich!), aux placements trop risqués et aux frais de fonctionnement! L’énorme concentration de fonds de placement auprès d’un nombre relativement restreint de caisses en Suisse risque bien de déboucher sur des problèmes de plus en plus importants.
Ne serait-il pas avisé d’abolir la valeur locative tout en donnant simultanément aux propriétaires de leur logement la possibilité d’affecter leurs fonds de prévoyance à l’amortissement régulier de leurs crédits hypothécaires? Un effet secondaire fort bienvenu de cette politique serait celui que les banques pourraient octroyer à de jeunes gens ces liquidités dégagées sous forme de nouveaux crédits hypothécaires plutôt avantageux.
André J. Ginesta