Pour les personnes qui ne sont pas trop ambitieuses, la satisfaction constitue un objectif raisonnable. Pour toutes les autres, la satisfaction n’est que l’effet secondaire, intervenant de temps à autre, d’un effort fourni.
La question n’est pas de savoir si une personne est satisfaite ou non mais bien de quelle manière se mesure sa satisfaction. Les collaborateurs qui se ménagent pour mieux pouvoir se dépenser pendant leurs loisirs atteignent ainsi un degré de satisfaction très élevé lorsqu’ils parviennent à obtenir un revenu suffisamment important pour un engagement minimal d’énergie.
Oublions tous ceux qui ne veulent plus ou qui veulent mieux. Intéressons-nous à ceux qui ont, pour eux-mêmes, des exigences un peu plus élevées. Je pars insolemment du principe que vous, les lecteurs de la rubrique «A propos», vous faites partie de cette catégorie.
Ceux qui exigent beaucoup d’eux-mêmes doivent fournir un effort conséquent pour obtenir le résultat escompté. «A la fin, tout finira bien – et aussi longtemps que tout n’est pas bien, c’est que ce n’est pas encore la fin», voici la devise des bosseurs.
Gardons donc à l’œil notre prochain résultat et réjouissons-nous de la satisfaction correspondante. Nous traversons la vallée de l’insatisfaction en fournissant l’effort qui mène au résultat souhaité.
Pour les bosseurs, la satisfaction est une quittance du succès. Dès que nous avons atteint un objectif et que nous nous en sommes abondamment réjouis, nous nous tournons vers notre prochaine tâche.
Lorsque l’objectif n’est autre que la satisfaction, cette dernière rend paresseux. Il y aura report de la satisfaction naturelle vers la satisfaction auto-suggérée. Nous voici donc arrivés à la forme la plus répandue de satisfaction: la satisfaction insatisfaite.
Les bosseurs sont des insatisfaits satisfaits. Ils traversent la vallée de l’insatisfaction par leurs efforts pour gravir le prochain sommet de la satisfaction. Comme les efforts à fournir dans la vallée de l’insatisfaction durent plus longtemps que le plaisir que l’on retire du fait de savourer le succès au sommet de la satisfaction, il est important d’apprécier également les efforts entrepris.
Durant l’effort fourni, nous sommes donc satisfaits de notre travail et malgré tout insatisfaits du résultat. Nous combinons donc la satisfaction obtenue dans le cadre de l’effort fourni avec l’insatisfaction liée au résultat aussi longtemps que nous sommes en route. Cela nous motive et nous fait plaisir.
Pour les bosseurs, le fait d’être insatisfait tout en étant satisfait représente donc un bien-être. Tous les autres continuent de végéter en toute insatisfaction.
Thomas Rychiger